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« Pour une Suisse romande où il fait bon respirer »


« ...les petits soldats de la liberté feraient mieux de se taire. Car, non contents de défendre la liberté de tuer, ils se font complices d’une industrie meurtrière qui continue à vendre un produit qui tue un consommateur sur deux, en toute légalité. »

Le Régional: « Liberté de tuer ? »

Nous repoduisons ci-dessous l'éditorial du 20 février 2008 de l'hebdomadaire Le Régional, avec l'aimable permission de la rédaction de ce journal de la côte vaudoise, que nous remercions vivement.

Faut-il interdire la fumée dans les lieux publics? En Suisse, le débat s’allume, enfin. Face à la lenteur et à la frilosité des parlementaires fédéraux, dont le projet de loi promet de nombreuses exceptions - pour ne pas froisser les lobbies du tabac et de la restauration? - plusieurs cantons ont d’ores et déjà répondu oui. Après le Tessin, Soleure, les Grisons, Appenzell, le Valais et St-Gall, les Genevois se prononceront ce 24 février [Ndlr: le oui a été plébiscité à près de 80%], tandis que Fribourgeois et Vaudois devraient voter en fin d’année.

Du coup, ressortent du bois les militants de la liberté individuelle, qui mènent ici le combat de trop, voyant dans cette menace d’interdiction une dérive totalitaire ou liberticide. Mais le vrai totalitarisme, c’est de continuer à défendre l’indéfendable.

Car le tabac est le tueur public numéro un. 5,4 millions de morts par an, soit un toutes les six secondes, 100 millions de morts au 20è siècle et un milliard de morts au 21e, si rien n’est fait.

En Suisse, il tue près de 9000 personnes par an, dont entre 500 et 1000 à cause de la fumée passive. Et ce sont justement ces derniers que cette loi veut protéger. Notamment les fumeurs par métier, employés des établissements publics, qui n’ont d’autre choix que de subir ce fléau sur leur lieu de travail. Selon une récente étude romande, ces derniers inhalent l’équivalent de 15 à 38 cigarettes par jour.

Mais au-delà des fumeurs, c’est l’industrie du tabac qu’une telle interdiction permet de combattre. Une industrie qui, pendant des décennies, a menti sur les dangers du tabagisme, actif et passif, tout en détenant les preuves du contraire; contesté la dépendance provoquée par la nicotine tout en manipulant génétiquement le tabac pour l’amplifier; augmenté la dangerosité des cigarettes en y ajoutant des substances cancérigènes; corrompu chercheurs, politiciens et médias. Et la liste n’est pas exhaustive.

Autant de procédés criminels auxquels les cigarettiers ont consacré de très grosses sommes dans le seul but de semer le doute là où il y avait certitude, afin d’empêcher toutes décisions de santé publique. Non sans torpiller au passage le prétendu libre choix des fumeurs, dépendants d’une drogue que 70% souhaitent arrêter sans y parvenir.

Or les statistiques démontrent qu’une campagne soutenue, basée sur les interdictions de la fumée dans les lieux publics et de la publicité, ainsi qu’une hausse continue du prix du tabac et une aide au sevrage, contribue à réduire le nombre de fumeurs. Un an après l’interdiction de fumer dans les lieux publics, 500’000 personnes avaient cessé de fumer en Italie, tandis qu’en Nouvelle Zélande, les ventes de tabac avaient reculé de 3,2%.

Dès lors, les petits soldats de la liberté feraient mieux de se taire. Car, non contents de défendre la liberté de tuer, ils se font complices d’une industrie meurtrière qui continue à vendre un produit qui tue un consommateur sur deux, en toute légalité...

Serge Noyer


(Dossier 08-002 - 2008-02-20)



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