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« Pour une Suisse romande où il fait bon respirer »




« Mes voisins ont pour habitude de fumer sur leur terrasse. Leur fumée ne se limitant pas à leur domicile, notre appartement sent constamment la cigarette. Nous sommes obligés de garder les fenêtres fermées même durant l'été! Même la nuit, il m'est déjà arrivé de devoir me lever pour fermer la fenêtre de ma chambre qui est juste à côté de leur terrasse tant la fumée m'incommodait et m'empêchait de dormir! »

Nos voisins fument sur leur terrasse et cela pollue notre appartement: que faire?

Je découvre avec bonheur qu'il existe des gens dans ce pays qui se soucient de bien respirer... Ouf, je ne suis pas la seule à râler tous les jours contre cette pollution qu'est la fumée de tabac! Et pourtant je suis moi-même une ancienne fumeuse... j'en ai honte aujourd'hui... non pas d'avoir encrassé mes poumons, car finalement, ça, ça me regarde mais d'avoir certainement encrassé ceux des autres, d'avoir provoqué des crises d'asthme ou même empêché certaine personne de venir dans un bar car des gens comme moi l'empestaient allègrement...

Mais aujourd'hui, je suis confrontée à un autre problème...

Mes voisins ont pour habitude de fumer sur leur terrasse. Leur fumée ne se limitant pas à leur domicile, notre appartement sent constamment la cigarette. Nous sommes obligés de garder les fenêtres fermées même durant l'été! Même la nuit, il m'est déjà arrivé de devoir me lever pour fermer la fenêtre de ma chambre qui est juste à côté de leur terrasse tant la fumée m'incommodait et m'empêchait de dormir!

Ne pouvons nous absolument rien faire et sommes nous réellement obligés de vivre cloisonnés chez nous?

La réponse de mes voisins est qu'ils sont chez eux et que, chez eux, ils font ce qu'ils veulent... tant qu'ils ne font pas de bruit après 22 heures...

Je n'ai même pas essayé de contacter ma commune, car une simple visite à l'administration vous démontre immédiatement leur position... Un bureau complètement fermé avec cinq fumeurs à l'intérieur. Une visite de deux minutes à 8 heures du matin et vous êtes parfumés « Tabac » pour deux jours!

Je ne m'attends pas à une réponse miracle mais peut-être quelques idées pour nous aider à sortir de cul-de-sac.
 
Nancy G., Gland, janvier 2005

Réponse d'OxyRomandie

Le problème que vous soulevez n'est de loin pas un cas isolé. Nous pensons que votre plainte est tout à fait légitime et que vos voisins ont un comportement qui apparaît peu respectueux de votre confort et de votre santé. Dans des cas similaires au vôtre, les experts internationaux à qui nous avons demandé conseil ont été clairs : dès l'instant où la fumée de tabac peut être repérée par l'odorat, elle est déjà en quantité dans l'air largement suffisante pour représenter une menace pour la santé. En fait, la fumée de tabac est dangereuse même dans des quantités assez faibles pour ne créer aucune gêne.

L'industrie du tabac a déployé des efforts immenses de lobbying, de corruption de la science et d'intimidation des décideurs pour occulter cette réalité, et y a réussi en grande partie jusqu'à récemment (les choses sont heureusement en train de changer). Hélas, la Suisse a été particulièrement vulnérable à cette politique (les sièges mondiaux de quelques multinationales du tabac se trouvant sur notre territoire, dont la plus importante est sur le territoire de votre canton, ce qui peut expliquer bien des choses!). En bref, le contexte dans notre pays pour soulever un problème comme le vôtre n'est pas favorable - d'autant plus qu'il y a des problèmes encore plus criants qui ne trouvent pas pour l'instant de solution - tel que le tabagisme sur le lieu de travail, comme c'est le cas dans l'administration municipale de votre commune (imaginez que dans ce bureau où il y a cinq fumeurs, il peut y avoir un autre fonctionnaire non-fumeur obligé de passer huit heures dans cette atmosphère qui en deux minutes vous a parfumé « Tabac » pour deux jours!).

Il n'y a pas en Suisse à l'heure actuelle de législation claire et de jurisprudence auxquelles vous puissiez vous référer pour faire valoir vos droits. D'autre part, les services cantonaux auxquels vous pourriez faire appel pour constater le problème ne sont pas équipés des appareils de mesure qui permettent vraiment de quantifier la pollution tabagique dont vous êtes victimes et ne considèrent pas en général ce problème comme suffisamment sérieux pour lui donner une quelconque priorité.

Tout cela semble très fataliste et négatif. Est-ce que nous préconisons de baisser les bras? Non, pas du tout. Au contraire, une telle situation incite à l'action, puisque elle révèle un sérieux problème et un manque flagrant de solution. Pour pouvoir réussir, il faut principalement faire évoluer les mentalités et les comportements. Aujourd'hui, votre voisin fumeur est persuadé - à tort - de son bon droit et perçoit votre requête comme une manifestation d'intolérance à son égard. Cette attitude émane directement d'une vaste campagne de l'industrie du tabac dont le but est de faire accepter le tabagisme comme la norme. A OxyRomandie, nous travaillons activement à supprimer cette norme - en étroite collaboration avec le mouvement de santé publique en Suisse, à commencer par les CIPRET et l'Office fédéral de la santé publique. Nous avons besoin de témoignages, et votre message nous est précieux, car il peut aider d'autres personnes victimes de situations similaires à la vôtre à prendre conscience qu'elles ne sont pas seules et peut les inciter à se manifester et à s'exprimer, ce qui est le préalable à toute action.

Finalement, peut-être pourriez-vous demander à vos voisins de s'abstenir de fumer, ou d'essayer tout au moins de fumer un peu moins sur leur terrasse, en invoquant les relations de bon voisinage et la solidarité entre habitants d'un même immeuble. Une façon d'arriver à obtenir de vos voisins un engagement dans ce sens serait qu'ils puissent vous être redevables de quelque chose, par exemple à la suite d'un service que vous leur auriez rendu sans attendre quoi que ce soit en retour de leur part. Une autre méthode serait de les engager à faire une première concession tout à fait symbolique, qui pourrait les mettre dans un état d'esprit propre à faire des concessions plus importantes, en améliorant leur propre image de personnes respectueuses d'autrui. Tout cela est théorique, mais ce sont la des techniques qui ont fait leur preuve.

Nous espérons que vous n'aurez pas été trop déçue par cette réponse et qu'elle contient néanmoins des éléments qui pourront vous être utiles. Dans tous les cas, nous vous remercions par avance de nous tenir au courant de l'évolution de votre problème et restons à votre disposition pour d'autres conseils et renseignements.

Nancy G. :

Un grand merci pour votre réponse détaillée. Comme je vous le disais, je ne m'attendais pas à une réponse miracle, je ne suis d'ailleurs pas vraiment surprise d'apprendre qu'il n'existe pas de législation spécifique à ce sujet.

J'ai, entre-temps, relancé le dialogue avec mes voisins pour leur expliquer comment nous subissions leur tabagisme et pour essayer de trouver ensemble des solutions adaptées. Nous sommes malheureusement tombés face à un mur, car ils estiment qu'ils n'ont rien à se reprocher et nous ont répondu de partir vivre dans un coin isolé du reste du monde si nous ne pouvions accepter la « moindre » odeur « désagréable »! Les conséquences au niveau de la santé leur semblent négligeables au vu de la distance! Ce sont leurs mots! Et ce que j'ai oublié de vous préciser, c'est que je suis enceinte de trois mois...

Nous avons donc décidé, mon mari et moi-même, de répondre selon l'expression « oeil pour oeil, dent pour dent ». Lorsque mes voisins fument sur leur terrasse, nous allons sur la nôtre allumer une boule puante, avec un ventilateur derrière pour bien diriger l'odeur vers leur appartement. Ils nous ont insulté, traité de minables, et ainsi de suite, mais je dois dire que depuis quatre jours, nous sommes tranquilles... Nous gardons un petit stock de nos boules au cas où ils récidiveraient... La méthode semble peut-être très barbare mais elle s'est avérée très efficace pour notre problème!

Il n'empêche qu'il reste encore beaucoup d'endroits qui restent inaccessible aux non-fumeurs et qu'il serait réellement temps que l'État prenne les choses en main. Avec, en tout premier lieu, les bâtiments publics comme l'administration communale. Je vous invite à visiter les bureaux de la population de Gland pour vous faire une idée!

Réponse d'OxyRomandie

Votre méthode semble être efficace, et il est bien triste qu'il faille en venir là, mais, hélas, la situation ne vous laisse pas beaucoup d'autres choix. En tout cas, bravo pour avoir trouvé une solution originale et qui ne manque pas d'humour (il semble par contre que vos voisins n'aient pas un sens du rire très prononcé - je les plains).

Nous espérons que votre exemple en inspirera d'autres. Le comble serait que vos voisins se plaignent auprès de votre régie et que l'on vous oblige à stopper votre « contre-feux ». Que je sache, des boules puantes sont peut-être incommodantes, mais elles n'ont jamais tué personne. Par contre, le tabac a à son actif 5 millions de morts chaque année dans le monde.

(Q&R q05-002 - janvier 2005)



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