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Notre nounou fume et ses vêtements sont imprégnés de cette odeur. Y a-t-il un risque pour notre bébé de quatre mois ?

Notre nounou fume et ses vêtements sont imprégnés de cette odeur. Y a t il un risque pour notre bébé de quatre mois à être en contact avec des vêtements imprégnés d’odeur de cigarette ?
 
Anonyme, Genève, mars 2006

Réponse d'OxyRomandie

Il n'y a pas, à l'heure actuelle, d'études scientifiques confirmant un risque pour le bébé dans une telle situation, ni, a fortiori, permettant de le quantifier. Par contre, personne n'est pas non plus capable d'exclure la possibilité d'un tel risque. En effet, on sait qu'il n'y a pas de seuil en dessous duquel le niveau d'exposition à la fumée passive serait inoffensif. Il est reconnu par la communauté scientifique que même des doses minuscules d'exposition peuvent déjà être toxiques. Cette toxicité s'applique a fortiori aux bébés, dont on sait qu'ils sont particulièrement sensibles et vulnérables à la fumée passive. Une étude montre que l'exposition à la fumée passive provoquerait chaque année en Suisse la mort subite de 38 nourrissons (voir l'article de Paul Bouvier, et al. dans Soz.-Präventivmed. 1997; 42 : 121-127).

D'autre part, nous avons observé nous-mêmes un phénomène intéressant lorsque nous avons procédé à des mesures de la pollution de l'air par des particules très fines provenant de la fumée de tabac. Notre mesure concernait les particules PM2.5, qui sont les plus dangereuses, car elles ne sont pas stoppées par les filtres naturels de l'organisme et pénètrent le plus profondément dans l'appareil respiratoire. Nous avons mesuré la pollution dans un brasserie de la Vieille Ville à Genève. Lorsque, ensuite, notre expérimentateur s'est déplacé sur l'esplanade de la cathédrale Saint-Pierre, où il n'y avait personne, et donc aucun fumeur, dans le but de faire une mesure de référence d'un air qu'il supposait non vicié, il fut surpris de constater que son appareil continuait d'indiquer un niveau significatif de pollution de l'air. Cependant, en éloignant l'appareil de mesure de lui, ce niveau diminuait rapidement. Nous en avons donc conclu que la pollution mesurée sur cette esplanade à proximité de l'expérimentateur provenait en fait de la décharge des particules fines qui s'étaient accumulées sur ses vêtements lorsqu'il se trouvait dans la brasserie fortement polluée qu'il venait de quitter.

Un phénomène du même type peut se produire avec une nounou qui fume, surtout si elle fume en venant chez vous dans sa voiture ou qu'elle a fumé dans un espace clos et a subi elle-même une exposition à la fumée secondaire résultant de son tabagisme et de celui d'autres fumeurs, qui a imprégné ses habits des dépôts toxiques de la fumée secondaire (et tertiaire). La possibilité d'un risque toxique n'est donc pas exclue, et peut même être considérée comme vraisemblable.

Il est aussi probable que dans la majorité des cas, ce risque est faible, voire très faible. Cependant, il peut être important dans des cas particuliers, par exemple avec des sujets qui souffrent d'asthme ou d'allergie à la fumée ou à l'une des 2000 substances contenues dans celle-ci. Et il est difficile de déterminer à l'avance si le bébé a une telle sensibilité.

En résumé de ce qui précède, il ne nous est pas possible de formuler une recommandation définitive, car nous n'avons pas l'évidence scientifique sur laquelle nous pourrions la fonder. Cependant, un risque n'est pas exclu et semble même probable, même s'il est vraisemblablement minime dans la majorité des cas. Il vous appartient donc de décider par vous même si vous voulez assumer ce risque ou au contraire si vous préférez appliquer le principe de précaution et éviter à votre bébé tout risque potentiel associé à son exposition aux particules de fumée de tabac émanant des vêtements de sa nounou.

(Q&R q06-001 - mars 2006)



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